La guerre des plateformes de paiement en Afrique : Qui dominera le marché en 2026 ?

Le marché des paiements numériques en Afrique est en pleine effervescence. L’explosion du mobile money, l’essor des fintechs et l’intérêt croissant des banques traditionnelles pour les solutions digitales ont transformé la manière dont les Africains effectuent leurs transactions. Alors que la compétition s’intensifie, plusieurs acteurs se disputent le leadership. Qui sortira vainqueur de cette bataille d’ici 2026 ?
Un marché en hypercroissance
Avec plus de 600 millions d’utilisateurs de mobile money, l’Afrique est le continent où les transactions numériques connaissent la plus forte croissance. Selon la GSMA, 70 % des adultes en Afrique subsaharienne utilisent un service de paiement mobile, un chiffre qui continue d’augmenter à mesure que les smartphones et la connectivité s’étendent.
Les principaux moteurs de cette croissance sont :
- L’inclusion financière, qui permet aux populations non bancarisées d’accéder à des services financiers via le mobile.
- La digitalisation des économies africaines, portée par les gouvernements et les investisseurs privés.
- La confiance croissante des consommateurs dans les paiements numériques, qui deviennent plus accessibles et sécurisés.
Les géants en compétition
Plusieurs acteurs dominent actuellement le marché des paiements en Afrique, chacun adoptant une approche différente pour séduire les utilisateurs.
M-Pesa (Kenya, Afrique de l’Est) : Pionnier du mobile money, M-Pesa, opéré par Safaricom, reste la référence absolue dans l’Est du continent. Sa stratégie d’expansion en Éthiopie et en Afrique du Sud pourrait renforcer son leadership.
Wave (Sénégal, Afrique de l’Ouest) : Avec sa politique de frais ultra-réduits et son interface simplifiée, Wave s’est imposé comme un concurrent sérieux aux services traditionnels de mobile money comme Orange Money et MTN Mobile Money.
Flutterwave (Nigeria, panafricain) : La fintech nigériane, spécialisée dans le traitement des paiements en ligne et les passerelles de paiement, continue de lever des fonds et d’étendre son influence, notamment en collaborant avec des géants du e-commerce.
Opay (Nigeria, Afrique de l’Ouest) : Soutenue par des investisseurs chinois, Opay mise sur un modèle tout-en-un (paiements, prêts, assurances) pour dominer le marché nigérian et s’étendre à d’autres pays d’ici 2026.
Les banques et Big Tech entrent dans la course
Face à l’ascension des fintechs, les banques traditionnelles et les géants technologiques ne comptent pas rester à l’écart :
- Les banques africaines comme Ecobank et UBA développent leurs propres applications de paiement mobile pour contrer la concurrence.
- Les géants de la tech comme Visa et Mastercard investissent massivement dans des fintechs africaines pour capter ce marché en pleine expansion.
- Le rôle des crypto-monnaies et des blockchains : De nouvelles startups comme Yellow Card (plateforme crypto) cherchent à disrupter le marché avec des solutions basées sur la blockchain.
Qui dominera le marché en 2026 ?
La bataille est encore loin d’être terminée, mais certaines tendances se dessinent :
- Les plateformes qui proposeront des services au-delà du paiement (crédit, épargne, assurances) auront une longueur d’avance.
- Les entreprises capables de s’intégrer facilement aux systèmes bancaires traditionnels et d’obtenir des licences dans plusieurs pays seront avantagées.
- La réglementation jouera un rôle clé : les gouvernements africains chercheront à encadrer les fintechs tout en favorisant l’inclusion financière.
Le Maroc, un modèle en matière de régulation et d’innovation ?
Bien que le mobile money ne soit pas aussi dominant qu’en Afrique subsaharienne, le Maroc développe progressivement un écosystème de paiements numériques compétitif. Bank Al-Maghrib a mis en place un cadre réglementaire encourageant l’innovation tout en garantissant la sécurité des transactions.
Des acteurs comme Inwi Money et CIH Pay tentent d’imposer leurs solutions, tandis que des fintechs locales émergent avec des offres adaptées aux besoins des PME et des particuliers. Le Maroc a encore beaucoup à faire pour rattraper les leaders africains du secteur. Si le pays met en place un cadre réglementaire favorable, il accuse un retard par rapport à des marchés comme le Kenya ou le Nigeria, où les paiements mobiles sont massivement adoptés. Pour espérer prendre le lead, le Maroc devra accélérer l’adoption des paiements numériques et favoriser un écosystème fintech plus dynamique.
Conclusion
Le marché africain des paiements numériques est en pleine mutation, avec une rivalité féroce entre fintechs, opérateurs télécoms et banques traditionnelles. D’ici 2026, le paysage pourrait être radicalement transformé, avec quelques grands gagnants qui réussiront à imposer leur modèle. La question n’est plus de savoir si les paiements numériques vont s’imposer en Afrique, mais qui parviendra à en tirer le plus grand bénéfice.