Quand la diaspora investit dans les startups africaines : freins, réussites et nouvelles dynamiques Par UpAfrica Media

Quand la diaspora investit dans les startups africaines : freins, réussites et nouvelles dynamiques
Une manne financière qui cherche encore son impact structurel
Chaque année, la diaspora africaine envoie plus de 95 milliards de dollars sur le continent, selon la Banque mondiale. Ces transferts représentent une source de revenus essentielle pour des millions de familles, mais très peu de cette somme est aujourd’hui orientée vers l’investissement productif – notamment dans les startups.
Pourtant, une dynamique est en train d’émerger : des diasporas plus éduquées, connectées et stratégiques cherchent désormais à s’engager autrement. Et la startup devient, pour beaucoup, un levier de création de valeur, d’impact social, et de retour au pays… sans retour.
Une envie d’investir… freinée par la méfiance
“J’aimerais investir, mais je ne sais pas à qui faire confiance.”
Cette phrase résume le principal blocage. Malgré leur volonté de participer à la dynamique entrepreneuriale africaine, de nombreux membres de la diaspora restent frileux :
- Manque de transparence des projets
- Difficulté à suivre l’activité à distance
- Cadres juridiques parfois flous
- Réticence à investir sans structure d’accompagnement
Pour une partie d’entre eux, l’expérience d’un échec passé (mauvais partenaire, absence de reporting, confusion familialo-professionnelle) a définitivement bloqué toute volonté de recommencer.
Des success stories qui changent la donne
Mais la donne change grâce à l’apparition de nouveaux modèles d’intermédiation et de startups portées par des diasporas elles-mêmes.
Exemples inspirants :
- AfricArena et ses initiatives de ponts diasporas/startups
- WenakLabs au Tchad, fondé par des jeunes formés à l’étranger
- Partech Africa ou Oui Capital, fonds dirigés ou alimentés en partie par des diasporas techniques ou financières
De plus, certaines startups elles-mêmes sont nées dans la diaspora puis déployées en Afrique :
- Djamo (Côte d’Ivoire – via Y Combinator)
- Chari (Maroc – avec des relais forts en France et dans le Golfe)
Les nouvelles formes d’engagement financier
Aujourd’hui, les diasporas investissent selon des formats plus diversifiés :
- Business Angels via des clubs ou plateformes (ex : Daba, DiaspoInvest, etc.)
- Crowdinvesting sur des plateformes africaines (ex : Ejara, Givedirectly, SmartCrowd)
- Venture Philanthropy : dons structurés avec impact tracking
- Investissements en nature : compétences, réseau, mentoring
La logique change : il ne s’agit plus seulement d’“aider un cousin”, mais de s’adosser à un projet solide, structuré, mesurable.
Des initiatives structurantes à soutenir
Plusieurs écosystèmes prennent conscience de ce potentiel inexploité :
- Les gouvernements (Rwanda, Maroc, Sénégal…) cherchent à structurer des offres pour leurs diasporas (fonds souverains, guichets diasporas, fiscalité)
- Les incubateurs montent des programmes d’attraction de talents diasporiques
- Des fonds spécialisés émergent pour faciliter le “retour de capital” africain
Le défi ? Créer la confiance, la transparence, la simplicité. Et dépasser la vision caritative ou émotionnelle.
En conclusion
La diaspora n’est pas seulement un acteur sentimental ou symbolique du développement africain. Elle peut – et doit – devenir un investisseur stratégique, un partenaire d’innovation, un connecteur de talents.
Mais pour cela, les écosystèmes doivent se structurer : accueillir, encadrer, sécuriser et impliquer ces milliers de profils qui n’attendent qu’un signal pour contribuer, autrement que par un virement Western Union.