L’Afrique, terrain d’expansion des startups du Golfe : stratégie durable ou effet de mode ?

L’Afrique, terrain d’expansion des startups du Golfe : stratégie durable ou effet de mode ?
Par UpAfrica Media
Une nouvelle vague d’acteurs venus du Moyen-Orient
Depuis quelques années, un phénomène discret mais significatif prend de l’ampleur : de plus en plus de startups originaires du Golfe (Émirats, Arabie Saoudite, Qatar, Bahreïn) posent leurs valises – et leurs ambitions – sur le continent africain.
Si les investissements institutionnels du Golfe en Afrique sont bien connus (infrastructures, énergie, banques…), le mouvement des startups et scaleups est plus récent et marque un changement stratégique. On ne parle plus seulement d’investissement passif, mais d’expansion directe, implantation locale et partenariat opérationnel.
Pourquoi ce tournant vers l’Afrique ?
Les raisons sont multiples et convergentes :
- Saturation des marchés du Golfe : face à une forte concurrence locale et une croissance stabilisée, les startups cherchent de nouveaux relais.
- Proximité culturelle et géographique : notamment avec l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Est.
- Appui politique et institutionnel : des entités comme Abu Dhabi Global Market ou Dubai Future Foundation encouragent activement l’expansion vers l’Afrique.
- Forte croissance démographique et numérique africaine : une jeunesse connectée, des taux de pénétration mobile élevés, des besoins non couverts dans tous les secteurs.
Qui sont ces startups qui s’implantent ?
- Tabby (EAU) – Fintech BNPL (Buy Now, Pay Later), en prospection au Maroc et en Égypte.
- Careem (EAU) – Présente en Afrique du Nord, elle s’intéresse à l’Afrique de l’Est via des partenariats locaux.
- Tamara (Arabie Saoudite) – En réflexion pour une entrée sur le marché nord-africain.
- GrubTech, Rizek, YallaMarket… – Acteurs émergents des foodtech et services, à la recherche d’ancrages locaux.
- Groupe MENA fintech et healthtech – en exploration au Kenya, Nigeria, Ghana et Côte d’Ivoire.
Les formes d’entrée sur les marchés africains
- Joint-ventures avec des startups locales
- Ouverture de bureaux de représentation ou filiales
- Participation à des tours de table (ex : Moove, Chari, MaxAB)
- Rachat ou fusion avec des structures existantes
- Partenariats publics-privés avec des institutions africaines
Exemple : Mubadala a investi dans plusieurs startups africaines. Les deals ne sont plus uniquement stratégiques, ils sont aussi opérationnels.
Opportunité réelle ou mirage temporaire ?
L’intérêt croissant est certain, mais il faut rester lucide : toutes les expansions ne seront pas durables. Les startups du Golfe devront :
- Adapter leurs produits aux réalités locales
- Éviter les modèles “copy-paste”
- Nouer des partenariats sincères avec les acteurs locaux
- Gérer les risques réglementaires, monétaires et logistiques
Sans cela, l’Afrique pourrait devenir un terrain d’essai coûteux plutôt qu’un relais de croissance structurant.
Une opportunité pour l’écosystème africain
Bien menée, cette dynamique peut être bénéfique pour l’Afrique :
- Accès à des technologies éprouvées
- Effet d’entraînement sur les talents et fournisseurs locaux
- Montée en gamme des standards
- Connexion renforcée entre Afrique, Moyen-Orient et Asie
“Ce n’est pas une invasion, c’est une interconnexion. À condition que le respect mutuel et la valeur locale soient au centre.” – analyste VC, Casablanca
En conclusion
L’expansion des startups du Golfe en Afrique n’est pas un phénomène passager : c’est le reflet d’un monde en recomposition, où les centres de gravité technologiques se déplacent. Pour les écosystèmes africains, le défi est de s’organiser, négocier et s’affirmer, pour que cette ouverture soit synonyme de transfert, de co-création et non de dépendance.