Maroc – Startups et Soft Power : Comment un pays utilise ses entrepreneurs pour rayonner en Afrique ?
Dans l’ombre de ses grandes infrastructures et de sa diplomatie économique agile, le Maroc façonne silencieusement une autre forme d’influence en Afrique : celle portée par ses startups. Plus qu’un simple mouvement entrepreneurial, c’est une stratégie d’influence douce — ou soft power économique — qui se déploie dans plusieurs pays du continent.
Un écosystème en plein essor, nourri par une ambition stratégique
Depuis plusieurs années, le Royaume mise sur une vision long terme, impulsée par les hautes orientations royales : transformer le Maroc en hub régional de l’innovation, entre l’Europe et l’Afrique. Des structures comme Technopark, UM6P Ventures, Startgate, LaFactory, ou encore le 1337 (l’école d’informatique gratuite de l’OCP), ont vu le jour pour encourager l’innovation made in Morocco.
À cela s’ajoute la volonté politique claire de faire du numérique et de l’entrepreneuriat des piliers de développement. En témoigne la multiplication des incubateurs, fonds d’investissement, concours nationaux, et initiatives de diplomatie économique orientées vers le sud.
Une influence qui dépasse les frontières
Des startups marocaines comme Chari, Freterium, Logidoo ou encore WafR ne se contentent plus du marché local. Elles s’implantent ou testent leurs services dans des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, ou le Togo. Certaines lèvent des fonds avec des ambitions panafricaines clairement affichées.
En parallèle, les startups africaines francophones regardent le Maroc comme une rampe de lancement vers l’Europe et l’Afrique du Nord. Résultat : le pays devient progressivement une plateforme de convergence des innovations africaines, un carrefour d’idées, de talents et de technologies.
Le rôle des champions nationaux
Le soft power entrepreneurial marocain s’appuie aussi sur les grands groupes comme OCP, Attijariwafa Bank, ou encore Maroc Telecom, qui accompagnent ou investissent dans des startups innovantes. L’UM6P (Université Mohammed VI Polytechnique) joue également un rôle structurant en connectant la recherche, l’industrie et l’innovation africaine.
Ces acteurs renforcent l’image d’un Maroc non seulement exportateur de services et de capitaux, mais aussi de savoirs et de solutions innovantes.
Diplomatie, startup et rayonnement régional
Les forums économiques, les conventions bilatérales, les salons tech ou les initiatives de coopération Sud-Sud deviennent aussi des canaux de promotion pour les startups marocaines. En s’exportant, ces jeunes entreprises deviennent des ambassadrices économiques du Royaume et un levier discret mais puissant d’influence.
Conclusion : Un modèle à suivre ?
Ce que le Maroc est en train de construire, c’est un écosystème startup structuré, pensé non seulement pour la compétitivité locale, mais pour le rayonnement continental. À travers ses entrepreneurs, il développe un soft power moderne, basé sur la tech, l’inclusion, et l’innovation.
Un modèle que d’autres pays africains observeront de près. Car demain, l’influence ne se mesurera peut-être plus seulement à la taille des investissements… mais à la capacité à créer, diffuser et connecter des idées.